Chronique d’une victime amputée à la suite d’un accident, indemnisée à la somme de 1,5 millions d’euros

indemnisation amputationCe jour-là, Constance, à peine 29 ans sait que sa jambe qui a tout pris dans l’accident ne sera pas sauvée. Le chirurgien a posé le diagnostic. L’effroi pour une jeune fille mais l’épreuve n’est pas terminée. Le combat judiciaire ne fait que commencer. Il aura fallu 10 ans pour obtenir gain de cause. 10 ans d’une vie, à cause d’une compagnie d’assurance qui veut mettre la responsabilité de l’accident sur Constance.

Un jour de juin, je la vois arriver à mon cabinet à Paris, un peu dépitée par 4 années de procédure avec expertise médicale judiciaire qui sous-évalue tous les préjudices. Elle avait déjà récupéré son dossier de son ancien avocat.

Je lui remonte le moral. Il faut croire non pas naïvement en la justice mais au bon sens des juges.

On reprend tout à zéro.

Je décide avant de faire du judiciaire que je vais d’abord envoyer ma cliente parisienne voir un spécialiste.

Puis un autre dans sa spécialité, puis ainsi de suite jusqu’à 4 !! Tout est préparé en amont.

Je peux cette fois-ci demander un autre expert médical en justice.

Je rédige 50 pages d’une assignation, documentée de tous les côtés, sans laisser d’angle mort pour la contre-attaque des sophistes.

La rédaction de mon assignation, je peux le dire fut un bonheur car j’avais le sentiment que l’on avait fait un travail de précision, de l’horlogerie suisse en quelque sorte.

Déjà lors de l’expertise judiciaire nous sommes arrivés avec Constance avec un bataillon d’experts : 4 experts pour ma cliente en face l’expert de la compagnie ne l’a pas trop ramené et l’expert judiciaire était d’accord avec le constat de l’importance des préjudices : professionnel, tierce personne, appareillage de ce qui se fait le mieux sur le marché et non pas l’appareillage sécurité sociale que les compagnies d’assurances aiment pour ne pas payer grand-chose !

Mais ce n’est pas tout ; certes nous avions blindé les préjudices mais il fallait aussi blinder le problème de responsabilité, ce ne fut pas une mince affaire.

C’est étrange que la décision de justice même après 25 ans de Barreau, a toujours le même effet sur vous, un sentiment qui fait que chaque jour davantage vous remettez votre robe pour aller convaincre.

Rien de plus grand disait Hegel ne s’est accompli dans le monde sans passion !

Exactement pour une victime. Une décision de justice qui donne satisfaction a quelque chose qui ressemble à la noblesse des grandes passions.

Lorsque vous restaurez la dignité d’une victime par une indemnisation juste  vous sauvez en quelque sorte sa dignité car vous lui permettez d’être le trait d’union avec ce qui fait sens dans la civilisation : la justice.

Ce matin-là  j’ai rencontré la justice en lisant le jugement ; des fois non, mais là assurément.

Voilà donc le résultat judiciaire : la compagnie d’assurance a été condamnée à payer à ma cliente… 1,5 million d’euros !

La compagnie d’assurance évaluait son préjudice à l’origine, 220 000 €. Nous obtenons donc 7 fois plus.

Du pur bonheur pour Constance car ce n’est que justice : un appareillage de qualité, un aménagement de domicile, une aide humaine, un préjudice professionnel digne de ce nom, un préjudice d’établissement, sexuel…. nous avons tout obtenu – tout.

La morale de cette chronique est simple. Pour les avocats je conseille de préparer le dossier en amont et ne pas se rendre à la convocation de l’expert avec les seules pièces du dossier médicales.

Un juge disait : « Les bons avocats font les bons juges. »

En matière d’indemnisation des victimes de la route : les bons avocats font les bons experts et les bons experts font les bons juges, et les bons juges font ce que nous nommons la justice.

Les victimes amputées des suites d’un accident de la route doivent savoir avant tout que le combat judiciaire contre les compagnies d’assurance doit être mené et qu’il faut être totalement motivé.

Chacun dans sa logique.

La logique de la compagnie d’assurance est de réduire l’indemnisation.

La logique de l’avocat est en réalité la logique du juge.

En effet, quelle est la différence entre l’avocat et l’assureur ?

L’assureur c’est la moindre indemnité.

L’avocat c’est la juste indemnité.

Un dernier mot : Il n’y a pas de handicap, il n’y a que des défis à relever !

Maître Méhana MOUHOU
Avocat de victimes

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